Jeudi 3 juin

Voila maintenant 10 jours que je suis au LIban. Aujourd hui je me trouve a Becharre, un village au coeur de la vallee de Qadisha (nord-est de Beyrouth)... au calme, loin de l agitation de la capitale. Montagnes, cerisiers et cedres. J ai trouve un charmant hotel ou je vais y passer une nuit.
J ai sciemment pris mon temps avant de rediger ce nouveau message. Le premier contact avec le Liban n a pas ete des meilleurs, du quoi vous refroidir et vous donner envie de repartir. Tout a commence avec le proprietaire de l hostel qui a ete rustre comme rarement. A Beyrouth, seuls 3 hostels (hotel a petit budget, tres petit le budget) se partagent le gateau. Inutile de preciser qu ils sont souvent complets. Ensuite, histoire de parfaire la journee, j ai dine dans un restaurant ou l on vous jette vos assiettes a defaut de vous les deposer, sans meme vous regarder et peu importe que vous ayez termine ou meme commence votre plat. Enfin, pour rentrer a l hostel, j ai pris un taxi. A peine suis je rentree dans la voiture que le chauffeur m a demande ma religion. J ai bien pris soin de changer de conversation. Il m a egalement clairement signifie que les gentils residaient a Gemmaze (quartier catholique) et les autres a Hamra (quartier musulman). Il m a par ailleurs precise que si je n etais bien ici je n avais qu a rentrer chez moi ! Apres l hospitalite jordanienne et syrienne, se retrouver confronter a de telles situations est quelque peu deroutant. Mais dans la categorie des rencontres, je n avais pas termine. En effet, le lendemain, j ai fait la connaissance d une septagenaire francophone, proprietaire d un magasin dedie aux articles de chasse. Et oui, je n ai pu resister a m acheter un nouveau couteau, pour dire vrai exactement le meme ! Cette dame a ete extremement agreable et attentionnee a mon egard. Tres rapidement, elle s est mise a evoquer la guerre civile de 1975 entre catholiques et musulmans avec quelques considerations personnelles. Puis des que son employe s est approche, elle ma afit signe de parler doucement car il etait musulman. J aime beaucoup que les personnes me parlent de leur pays, de leur histoire et c est un vrai plaisir que de les ecouter mais dans ce cas certains commentaires m ont paru deplace. Deux remarquent me viennent a l esprit. Tout d abord, le fait de parler la meme lamgue fait penser automatiquement a certains libanais que je partage les memes idees. Ca pourrait etre un sujet de recherche... Ensuite, je n imaginais pas que les tensions entre communautes soient si acerbees, les craintes sont palpables et la mixite religieuse pas d actualite. Je pensais que le conflit libano-israelien etait plus le fruit de crispation. Non pas que cela ne le soit pas. D ailleurs, lorsque le bateau a destination de la cote palestienne et en provenance de la Turquie a ete attaque j etais dans le sud du Liban. De nombreuses manifestations ont eu lieu dans la capitale et mon hote (cf. ci-dessous) m a tout de suite appelle pour me dire de faire attention et savoir quand je rentrais. Pour quelqu un comme moi qui n a jamais connu la guerre, je ne peux imaginer que ce pays ait ete le fruit de tant de violence et que tout peut basculer d une minute a l autre. Je ne sais pas si c est lie mais pendant cet apres-midi a Saida, pour la premiere fois, j ai eu des remarques peu sympathiques non pas a mon egard mais pour notre president Sarkozy, qui n est pas bien car il est contre `les musulmans et les palestiniens` (serait ce du a la Bourka, je pense) et Obama qui est `un chien`. Au fait, ici ils sont pour la plupart encore a l ere Chirac, ils ne sont pas encore passes en mode Sarkozy. Et oui, en France c est toujours Chirac le president. J en profite pour updater les connaissances ! En fait pour etre honnete c est le cas dans tous les pays que j ai traverse. Chichi a franchement marque les esprits.

Et Beyrouth dans tout ca ? La perle du Moyen-Orient a beaucoup change en moins de 5 ans (dixit les locaux). De nombreux immeubles datant du mandat francais sont en piteux etat ou detruits pour laisser place a de flamboyantes tours de plusieurs dizaines d etages. En 3 ans le prix du m 2 a plus que double... De la perle, a mon sens, il ne va bientot plus que rester la coquille. Nombreux sont ceux qui le regrettent et on peut imaginer (encore pour quelques temps) a quel point cette ville a du etre magnifique. En fait, j ai plus le sentiment d etre en Europe qu au Moyen-Orient. Les axes peripheriques sont placardes d encarts publicitaires avec souvent de jolies filles ventant les merites d un parfum, d un jeans, de diamants... Vive le monde du bling bling ... Ici c est le monde des `tutures`. Je ne pense pas avoir vu autant de grosses, sous-entendu cheres, voitures au m2. Toutes les marques prestigieuses sont au RDV. C est sur, ici il y a de l argent...mais pas pour tous ! Le salaire minimum est de 300 dollars ce qui explique que de nombreux libanais vont travailler a l etranger (tout comme les jordaniens ou syriens). Plus rares sont les libanaises. Mais cela est sans deplaire a la gente masculine restante qui, du coup, a l embarras du choix ;) Hier, j ai discute avec un libanais de Tripoli qui a passe 3 ans en Arabie Saoudite. En tant que celibataire, il ne pouvait sortir que 2 jours dans la semaine ou les mall leur sont reserves. En dehors, il ne leur est pas permis d aller au restaurant, dans les magasins...trop fun la vie la bas, on comprends bien pourquoi ils viennent ici !

Je me suis encore essayee au couch surfing et j ai ete hebergee 3 nuits par Ismail et Kandra, un couple egypto-allemand. Ismail est compositeur-musicien et Kandra travaille a l ONU. Ils habitent le Liban depuis 5 ans et tentent desesperement d en partir. L insecurite et l etroitesse du pays en sont les principales raisons. Mais pour cela il faudrait faire un echange de postes mais il semblerait que Beyrouth ne soit pas ce que l on appelle une destination tres prisee. Depuis les evenements de 2006 (pendant lesquesl Ismail etait au Caire,) il ne se separe que tres rarement de sa famille et travaille de chez lui pour des commandes le plus souvent egyptiennes. Pendant 5 jours les frontieres libanaises avaient ete fermees et il lui etait donc impossible de rentrer au Liban. J ai egalement depose un message sur le site couch en indiquant que je souhaitais participer a un repas familial, en contrepartie je pouvais faire la vaisselle, eplucher les legumes, etc. J ai recu une invitation de Charles et suis allee diner chez sa famille en proche banlieue de Beyrouth. Inutile de vous preciser au combien j ai apprecie ce repas et pas uniquement parce que les plats etaient somptueux. L ambiance etait joyeuses et l humour au RDV. Ma proposition de faire la vaisselle a ete rejetee car comme toute mere, la cuisine est un espace garde. J avais prevu de rentrer en Syrie ce samedi. C etait sans compter sur cette rencontre puisque dimanche nous allons randonner au nord de Tripoli. So back to Damas on monday :)

Je n ai encore rien dit des sites que j ai visite : Sour, Saida, Byblos, Les grottes de Jeita, Barouk, Beitedinne... mais je ne suis pas en mesure ou plutot la connexion ne permet pas de deposer des photo. Je me plaignais deja en Jordanie et Syrie mais ici c est le ponpon ! Sorry ! Inutile aussi de vous preciser que les paysages sont superbes, la nourriture plus que bonne et les gens adorables. Ce ne sont pas 4 personnes qui vont nuire a la reputation de ce pays ;), non mais ! Pour info, j ai passe 8 jours a chercher ce flan blanc a la fleur d oranger, arrose de sirop de rose et de pistaches, que l on vous sert dans les restaurants libanais a Paris. A chaque fois que je passais devant une patisserie je tentais tant bien que mal de leur expliquer ce que je cherchais. A mon grand regret, j ai appris hier que ce dessert ne se faisait qu a la maison. Bien trop facile a faire pour etre vendu ! Quelle deception ! Mais c etait sans compter sur mon acharnement.Ce matin, j ai donc petit dejeuner ce flan au doux nom de mouhalabia, le probleme c est qu il n etait pas genial. Il est bien meilleur en France, hi, hi, hi...

Pour ceux et celles qui seront a Paris a mon retour, je vous propose un ete sportif car ici je n arrete pas de manger et quand je ne mange ce sont les libanais qui me nourrissent. Ca va du boulanger qui me propose du pain, du marchand qui m offre de son sandwich, du vendeur de fruits secs qui me donne gracieusement des noix... La vie est vraiment trop dure :)

Beyrouth : un demarrage difficile

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